Face à la crise démographique qui touche les manipulateurs d’électroradiologie médicale (MERM), la profession s’organise pour augmenter les effectifs. C’est un des messages clés qu’a voulu faire passer Séverine Moynat, cadre supérieure de santé à l’AP-HP et présidente du Conseil national professionnel des manipulateurs d’électroradiologie médicale (CNPMEM), lors de l’événement RAD organisé par le Collège des enseignants en radiologie de France (CERF) les 23 et 24 mai 2024 à Angers.
Une diminution du taux d’abandon
Venue parler des « organisations pour demain et des coopérations professionnelles » des manipulateurs, Séverine Moynat a entamé son intervention par un point d’étape sur les effectifs : « En juillet 2023, 1 239 nouveaux diplômés sont sortis des écoles sur 1 560 étudiants entrés en première année en 2020, soit 79 % des entrants en 2020 qui ont obtenu le diplôme. En juillet 2024, ce sont 1 348 étudiants de troisième année qui pourraient obtenir leur diplôme sur 1 708 étudiants entrés en 2021 », détaille-t-elle. Proche de 20 %, le taux de décrochage en cours d’études s’avère donc plus faible qu’auparavant.
« Près de 2 000 places » et dix nouveaux centres
En plus de ce taux de défection à la baisse, l’offre de formation initiale s’est considérablement élargie cette année, pour proposer « près de 2 000 places » en première année à la rentrée de septembre 2024. La raison ? « Les centres de formation existants ont augmenté leurs effectifs, tandis que dix nouveaux centres vont ouvrir », compte Séverine Moynat. Ces inaugurations portent le nombre de centres à 58 en France : 43 centres publics, 13 établissements privés sous contrat et 2 établissements privés hors contrat. Quatre de ces nouveaux centres préparent au diplôme d’État de manipulateur d’électroradiologie médicale (à Colmar (68), Lyon (69), Montauban (82) et Quimper (29)), et six préparent au diplôme de technicien supérieur en imagerie médicale et radiologie thérapeutique (à Beauvais (60), Bordeaux (33), Charleville-Mézières (08), Échirolles (38), Évreux (27) et Rennes (35)).
Une « montée en charge » de l’apprentissage
Ces mesures ont rajouté 308 places en école à l’échelle de la France, soit « 15 % de places de première année en plus par rapport à 2023, année qui avait déjà enregistré 24 % de places de première année en plus par rapport à 2019 », se félicite Séverine Moynat, qui remarque une « montée en charge de l’apprentissage », avec 2/3 des centres qui y font appel. Les deux nouveaux centres (à Échirolles et à Rennes) qui relèvent du privé hors contrat constituent un nouveau type d’établissement pour les étudiants manipulateurs, basé « uniquement sur l’apprentissage dès la première année ».
Plusieurs freins à l’augmentation de la capacité de formation initiale
Plusieurs radiologues de la salle ont ensuite questionné la présidente du CNPMEM sur l’importance de cette hausse des effectifs des MERM, bienvenue mais selon eux insuffisante pour répondre aux besoins. « Nous irons plus loin : il y a déjà des projets d’ouverture de nouvelles écoles pour 2025, par exemple à Bastia ou à Boulogne-Billancourt, répond-elle. Mais ce qui va nous freiner, c’est aussi la certification des formateurs, la mise en place de vrais partenariats universitaires et l’accueil en terrain de stage. » Séverine Moynat insiste à ce sujet sur l’importance de la collaboration des radiologues : « Nous comptons sur tous les centres pour faire le plus de place possible pour accueillir au mieux ces étudiants. »
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