Développement des pratiques

À Bordeaux, des manips réalisent des biopsies échoguidées dans le cadre d’un protocole de coopération

L'Institut Bergonié à Bordeaux a mis en place un protocole de coopération entre radiologues et MERM pour la réalisation de biopsies sous-cutanées échoguidées. Aux JFR 2024, des manipulatrices de l'établissement ont présenté les modalités d'application de ce protocole et le déroulement du geste interventionnel.

Le 13/01/25 à 7:00, mise à jour le 16/01/25 à 12:00 Lecture 4 min.

Lors des JFR 2024, Émilie Geledan et Charlotte Le Rest, MERM à l’Institut Bergonié de Bordeaux, ont présenté un protocole de coopération local pour la réalisation des biopsies sous-cutanées échoguidées. © Capture d'écran JFR 365

Lors des Journées francophones de radiologie (JFR) 2024, Émilie Geledan et Charlotte Le Rest, MERM à l’Institut Bergonié de Bordeaux (33), ont présenté un protocole de coopération local pour la réalisation des biopsies sous-cutanées échoguidées. « Ces dernières années, notre activité de biopsie, notamment les biopsies des tissus mous, a été multipliée par cinq », indique Émilie Geledan. Pour absorber cette activité et réduire les délais de prise en charge, le service de radiologie interventionnelle bordelais a mis en place un protocole de coopération entre MERM et radiologues. « Nous sommes une équipe au sein de laquelle il y a beaucoup d’échanges, et nos radiologues sont énormément dans le partage de connaissances. Au sein de notre institut, il y a déjà un protocole de coopération pour la pose de PICC line », détaille-t-elle.

Une démarche qui prend du temps

L’équipe a conçu la maquette du protocole, une démarche longue et fastidieuse : « La création du protocole a été assez chronophage, puisqu’elle nous a pris environ 10 mois, explique la manip bordelaise. Elle s’est déroulée en plusieurs étapes. D’abord la rédaction, puis une relecture, une modification en équipe, une validation de la cadre supérieure et de la juriste de l’Institut, et enfin la signature par le directeur et le dépôt du protocole à l’agence régionale de santé (ARS). »

Formation théorique et pratique

Les MERM ont bénéficié d’une formation théorique par les radiologues, avec des rappels sur l’hémostase, les bases physiques de l’échographie et les tumeurs des parties molles, et des cours sur l’anesthésie locale et les techniques de biopsie. La théorie est suivie d’une formation pratique. « Nos radiologues ont estimé qu’il fallait que nous réalisions 20 biopsies en qualité d’opérateur principal sous le contrôle d’un radiologue référent, afin d’être assez autonome pour avoir nos propres vacations », indique Charlotte Le Rest. Dans le protocole, nous avons noté un certain nombre de gestes à réaliser par an pour garantir le maintien des compétences. »

Programmation des gestes

La programmation des biopsies sous-cutanées échoguidées s’appuie sur des demandes informatiques effectuées par les oncologues ou les chirurgiens. « Cette demande est envoyée au radiologue qui va valider le bon et indiquer comment la biopsie va être réalisée, sous scanner ou sous échographie. Dans un petit encart, il va préciser si la biopsie sera réalisée par un manipulateur radio. Ainsi nos secrétaires peuvent programmer l’examen sur nos vacations. Elles envoient la fiche de rendez-vous et une fiche explicative qui mentionne que le patient va être pris en charge dans le cadre du protocole », précise-t-elle. Les patients ont la possibilité de refuser que ce geste soit réalisé par un MERM et demander à reprogrammer le rendez-vous sur une vacation de radiologue.

Deux manips en salle et un radiologue à proximité

Lorsque le patient arrive au service ambulatoire, la manipulatrice vérifie son dossier, revoie le bon de biopsie et ce qu’avait demandé le médecin. « Nous vérifions ses bilans et ses imageries pour bien visualiser la zone sur laquelle faire les prélèvements. On vérifie également la voie d’abord et s’il y a des petites annotations ajoutées par le radiologue », explique Charlotte Le Rest. La manip installe le patient en salle et lui explique le déroulement de sa prise en charge et les suites opératoires. Elle réalise ensuite une échographie de repérage avec une image Doppler pour s’assurer qu’il n’y a aucune hypervascularisation de la lésion, ni de vaisseau à proximité. « Après la biopsie, le patient retourne en ambulatoire où il y a une petite surveillance de 30-45 minutes avant qu’il puisse repartir chez lui », précise-t-elle. Deux manips sont présents en salle pour la biopsie échoguidée, un opérateur et un assistant au geste. « Un radiologue déléguant est toujours présent dans une salle voisine, ce qui permet aussi de réaliser le compte rendu dans l’enchaînement du geste », indique Charlotte Le Rest.

« C’est vraiment très positif pour tout le monde »

En un peu plus d’un an, les manips du protocole de coopération ont réalisé 262 biopsies. « Il y avait principalement des lipomes et des sarcomes, mais aussi des tumeurs desmoïdes et des myxomes », rapporte-t-elle. Pour les manips, l’expérience s’avère concluante : « C’est vraiment très positif pour tout le monde et nous avons diminué le délai de prise en charge des patients, assure la manip. Il y a vraiment un dynamisme de l’équipe autour de ce protocole. Nos radiologues nous ont beaucoup aidés, nos autres collègues manipulateurs aussi. Notre cadre nous soutient, et les secrétaires sont à fond avec nous. » En termes d’attractivité du métier de MERM, le protocole de coopération a apporté du dynamisme : « Que ce soit en interventionnel, au scanner ou en IRM, il y a plein de possibilités, alors il ne faut pas hésiter à se lancer », conclut Charlotte Le Rest.

Auteurs

Carla Ferrand

Journaliste cheffe de rubrique

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