« Ma recherche m’a permis de découvrir comment fonctionnent d’autres centres hospitaliers »
Florian Nassiri
manipulateur radio au CHU de Poitiers et investigateur principal du projet PARADIS
La recherche m’est tombée dessus ! Quand j’ai voulu mettre en place la pratique de l’avis consultatif d’un manipulateur radio en support de l’interprétation de l’urgentiste, on m’a expliqué que je devais d’abord prouver son efficacité. Et le seul moyen d’y arriver, c’est par la recherche. J’ai simplement été aiguillé pour aller au bout de mon idée, avec l’objectif de prouver avec une rigueur méthodologique et une puissance statistique suffisantes que l’avis consultatif du manip peut améliorer la prise en charge des patients aux urgences. Pour gagner en compétences, j’ai suivi un master en santé public vraiment axé sur l’épidémiologie et les biostatistiques.
Du côté professionnel, avant ce projet de recherche, je n’avais quasiment jamais fait de radio. Or, j’ai monté mon projet de recherche sur la radio d’urgence. En organisant la formation des manips participant à mon étude, j’ai beaucoup appris. Maintenant, je suis plus à l’aise sur l’analyse des clichés ostéoarticulaires. Ma recherche m’a aussi permis de découvrir comment fonctionnent d’autres centres hospitaliers, les difficultés qu’ils rencontrent, ce qui peut donner de nouvelles idées.
Enfin, d’un point de vue personnel, faire de la recherche c’est génial ! Quand on mène un projet en autonomie, que la formation des manipulateurs se passe comme prévu, c’est une grande satisfaction. La Direction de la recherche clinique et de l’innovation (DRCI) a fait le choix de me laisser une grande autonomie dans le choix du budget, des manips qui sont dans d’autres centres… Ce n’est pas courant dans notre profession, où nous sommes toujours sous la responsabilité d’un médecin ou d’un cadre. Là, je suis seul à bord, ce qui est très agréable. Il faut cependant avoir conscience que se lancer dans un projet de recherche demande beaucoup de ressources et d’investissement personnel.
« Mon expérience de la recherche m’est utile en clinique »
Benjamin Cauquis
Manipulateur radio à l’hôpital Bicêtre AP-HP
J’ai commencé la recherche par hasard. J’ai intégré le service de radiopédiatrie de l’hôpital Bicêtre à Paris il y a bientôt 5 ans, et on m’a proposé la référence IRM que j’ai acceptée. Il y avait déjà des protocoles de recherche qui étaient en place, mais on n’avait personne dans notre service avec un diplôme universitaire pour valider cette recherche, qui n’était pas très encadrée. Ma cheffe de service m’a proposé de suivre avec un collègue le diplôme universitaire Acquisition de compétence en recherche clinique pour les manipulateurs d’électroradiologie médicale (DU MERC) de Montpellier, pour qu’on puisse être en règle avec tous ces protocoles de recherche et pour qu’on acquiert les compétences légales et techniques les encadrant. Aujourd’hui, je supervise l’équipe de manips sur la formation des protocoles de recherche, dont une vingtaine sont actuellement en cours dans notre service. Leur préparation est vraiment spécifique, les séquences ne sont pas du tout les mêmes qu’en clinique. À titre personnel, je travaille notamment sur l’amélioration d’une séquence grâce à la mise en place d’un logiciel de post-traitement.
Mon expérience de la recherche m’est utile dans la partie clinique de mon métier. Le fait qu’on soit très rigoureux dans notre formation sur les protocoles de recherche en IRM me permet d’être plus précis du coté clinique, par exemple sur l’optimisation des séquences. Ce qui est important pour moi en recherche et le fait de trouver de nouveaux traitements pour les enfants. Nous avons des patients qui ont de la sclérose en plaques ou une leucodystrophie, et on essaie d’optimiser nos séquences pour les traiter correctement. Changer la vie de ces enfants, c’est ça qui m’importe le plus.
« J’ai développé des compétences que je ne soupçonnais pas pour un manip radio »
Samuel Guigo
Manipulateur radio au CHU de Brest, investigateur principal du PHRIP ANEV3D et membre du comité scientifique de l’AFPPE
Quand je suis allé faire une visite aux Hôpitaux universitaires de Genève en Suisse (HUG), j’ai vu que les neuroradiologues parlaient d’impression 3D et de l’utilisation de modèles anatomiques dès 2017. Je me suis dit que je voulais moi aussi utiliser l’impression 3D médicale. J’ai commencé à structurer ma démarche en 2018 en déterminant ce que je voulais évaluer avec l’impression 3D. Le chef de mon unité de neuroradiologie, qui a fait beaucoup de recherche, m’a conseillé d’écrire un Programme hospitalier de recherche infirmière et paramédicale (PHRIP) pour y voir plus clair. C’est comme ça que finalement, j’ai soumis le PHRIP ANEV3D, puis ça a été un effet boule de neige. Nous avons obtenu le PHRIP, et donc des moyens pour faire de la recherche, ce qui a motivé le CHU à me dégager du temps pour faire à la fois mon projet et continuer mon service. Si j’ai commencé la recherche en autodidacte, je me suis depuis formé en suivant le DU MERC de Montpellier, pour légitimer ma démarche. Ce DU permet d’encadrer des projets de recherche.
Grâce à mon activité de recherche, j’ai développé des compétences que je ne soupçonnais pas pour un manip radio. Quand j’interroge mes confrères qui font de la fabrication additive dans les hôpitaux, tous sont ingénieurs ou techniciens en conception assistée par ordinateur (CAO). En tant que manip radio, je suis un peu un ovni dans cet univers. Cependant, par mon exemple, je veux montrer que l’impression 3D médicale, qui consiste à transformer l’imagerie en objet physique, peut être attribuée aux manips radios, qui ont l’avantage de connaître les pathologies. Aujourd’hui, les manipulateurs retravaillent, reconstruisent, redimensionnent l’imagerie. Je me contente de proposer d’ajouter l’impression 3D à ces transformations.
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