Une population de manips féminine, hospitalière et inégalement répartie

Au 1^er janvier 2023, 31 528 manipulateurs âgés de moins de 62 ans étaient inscrits au répertoire Automatisation des listes (ADELI), selon la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES). Chaque année, ce service statistique des ministères sanitaires et sociaux publie des données démographiques sur les professionnels de santé français, avec des informations sur leur âge, leur mode d’exercice, leur sexe et leur répartition sur le territoire.

74 % de femmes

Les informations aujourd’hui accessibles au public remontent jusqu’à l’année 2012. Elles montrent une hausse légère et continue des effectifs de manipulateurs : 27 756 en 2012, 29 847 en 2016, 30 416 en 2018, 30 560 en 2019, 31 012 en 2021. Les femmes constituent la majorité du contingent : en 2023, 23 406 manipulateurs de moins 62 ans sont des manipulatrices, soit 74,23 % de l’effectif total, et 8 122 sont des hommes. Une proportion en hausse depuis 2012, ou elle était à 73 %.

Le secteur privé a perdu des salariés

Les données de la DREES montrent par ailleurs la prépondérance des salariés du secteur hospitalier. En 2012, ils étaient 21 467, soit 77 % à déclarer exercer à l’hôpital contre 6 289 « autres salariés ». Cette domination hospitalière est encore plus forte en 2023, puisque le secteur privé a perdu des salariés (6138, soit 20,35 % du total), tandis que le public en gagnait (24 422, soit 79,9 %). Des chiffres à comparer avec ceux des radiologues, qui étaient 22,16 % à se déclarer en exercice hospitalier exclusif au même moment.

Les trentenaires plus nombreux, les quinquagénaires moins

L’âge moyen des manipulateurs a baissé d’un peu plus d’un an entre 2012 et 2023, passant de 42 à 40,7 ans. Le détail des chiffres montre que la pyramide des âges s’est transformée. Les manipulateurs âgés de 30 à 39 ans représentent aujourd’hui 31,1 % du contingent contre 24,3 % dix ans plus tôt. Leurs aînés des tranches d’âge de 40 à 49 ans gardent la même proportion, à environ 23 % et l’effectif des manipulateurs âgés de 50 à 60 ans marque le pas (21,6 % en 2023 contre 29,48 % en 2012, quand celui des moins de 25 ans connaît un coup de pouce depuis 2021 (5,8 % du total en 2021, 6,79 % en 2023). Autant de fluctuations qui reflètent celles des politiques de formation et de recrutement, qui s’efforcent ces dernières années de combler un déficit avéré de professionnels.

La répartition entre régions change peu

Quant à la répartition géographique des manipulateurs, elle a peu évolué entre 2012 et 2023. La Guadeloupe et la Martinique en ont perdu (respectivement de 112 à 101 et de 149 à 114), tandis que la Guyane, la Réunion et Mayotte en gagnaient (42 à 47, 217 à 309, 0 à 21). En Métropole, une baisse s’amorce en Île-de-France entre 2022 et 2023 après des années de hausse continue (5 846 en 2023 contre 5 889 en 2022, 5 484 en 2012). À part la Bourgogne – Franche-Comté et le Grand-Est, les autres régions gagnent quelques manipulateurs.

Des inégalités persistantes

Rapportés au nombre d’habitants, ces chiffres permettent d’appréhender les inégalités territoriales en matière de nombre de professionnels. Les départements les moins bien lotis, Guyane, Gers, Eure, Meuse et Ain, ne recensent qu’une vingtaine de manipulateurs, voire moins pour 100 000 habitants, alors que les mieux dotés en comptabilisent entre 60 et 70. Paris survole la mêlée, avec près d’une centaine de manipulateurs pour 100 000 habitants. La moyenne française est à près de 47 pour 100 000 habitants.