Enquête

L’intelligence artificielle gagne du terrain chez les manipulateurs radio et les cadres de santé

L’IA s’intègre peu à peu dans leurs pratiques, avec plus de la moitié d’entre eux l’utilisant déjà. Malgré des freins comme le manque de formation, les perspectives sont encourageantes, beaucoup souhaitant en intensifier l’usage pour optimiser les soins.

Le 26/11/24 à 7:00, mise à jour le 26/11/24 à 12:10 Lecture 3 min.

Parmi les manipulateurs radio, 9 déclarent utiliser l’IA plusieurs fois par jour sur tous les examens, tandis que 9 autres l’intègrent uniquement pour certains cas. D.R

L’intelligence artificielle (IA) s’immisce progressivement dans la pratique quotidienne des manipulateurs radio et des cadres de santé, marquant une transformation notable dans leurs métiers. Les résultats de l’enquête menée entre avril et août 2024 par Docteur Imago et Tech Imago (lire encadré) mettent en lumière les usages, perceptions et attentes de ces deux professions, tout en révélant les freins à une adoption plus large.

Méthodologie et population

L’enquête sur l’utilisation de l’intelligence artificielle dans la pratique quotidienne des radiologues a été menée sur une période allant du 23 avril 2024 au 22 août 2024. Les données ont été collectées à l’aide d’un formulaire Google, diffusé principalement par les canaux suivants : e-mails envoyés aux professionnels du secteur par nos newsletters, réseaux sociaux, sites internet docteurimago.fr et tech-imago.fr, ainsi que l’envoi de l’information par la Fédération nationale des médecins radiologues (FNMR), le Collège des enseignants en radiologie de France (CERF) et l’Union nationale des internes et jeunes radiologues (UNIR) auprès de leurs adhérents respectifs.
L’enquête a recueilli un total de 144 réponses. Les profils des répondants à l’enquête sont : radiologues (75 participants), manipulateurs radio (46 participants), cadres de santé (14 participants) et autres professions (9 participants, 1 par profession). Certaines réponses ont été regroupées pour une meilleure lisibilité.
Le secteur d’activité des répondants à l’enquête est réparti comme suit : hospitalier (65 participants), libéral (55 participants), mixte (15 participants) et autres (7 participants).

52 % d’utilisateurs chez les manipulateurs radio

Chez les manipulateurs radio, 52 % déclarent utiliser l’IA, tandis que ce chiffre atteint 57 % chez les cadres de santé. Cette adoption croissante s’accompagne d’un usage autour de l’aide au diagnostic, citée par 81 % des répondants, et l’amélioration de la qualité des images, citée par 47 % des répondants.

C’est encore plus important chez les radiologues, dont 60 sur 74, soit 81 % des répondants, déclarent l’utiliser. La proportion d’utilisateurs est quasiment identique dans les différents secteurs d’activité : elle approche les deux tiers pour les professionnels hospitaliers (44 utilisateurs sur 65), les professionnels libéraux (36 utilisateurs sur 54) et les professionnels mixtes (10 utilisateurs sur 15).

Cependant, l’utilisation reste encore hétérogène. Parmi les manipulateurs radio, 9 déclarent utiliser l’IA plusieurs fois par jour sur tous les examens, tandis que 9 autres l’intègrent uniquement pour certains cas. Chez les cadres de santé, les usages sont plus sporadiques.

Des bénéfices perçus

Les manipulateurs radio affichent une satisfaction moyenne de 7,1 sur 10, tandis que les cadres de santé notent leur expérience à 6,9 sur 10. Ces chiffres traduisent une perception globalement positive des outils d’IA, même si des marges de progression subsistent. Ils restent moins élevés que pour l’ensemble des répondants : la moyenne de satisfaction générale s’établit à 7,35 sur 10, signant là une meilleure satisfaction auprès des radiologues.

Dans les commentaires reçus, quelques points forts sont mis en avant. Certains manipulateurs radio indiquent que l’IA améliore la précision des examens et accélère certaines tâches répétitives, comme la segmentation d’images. À contrario, selon d’autres, le gain de temps peut être limité, notamment lorsque les outils sont mal intégrés dans le flux de travail quotidien. Certains cadres de santé soulignent l’apport d’un soutien précieux dans la coordination des flux de travail et l’uniformisation des résultats. D’autres soulignent un manque d’outils adaptés à leurs responsabilités, qui limite une adoption plus large. Plus généralement, des freins sont évoqués, comme le manque de formation, la disponibilité limitée et le coût des solutions.

Un futur prometteur pour l’IA en imagerie médicale

Les perspectives d’avenir sont plutôt favorables à l’IA. Chez les manipulateurs radio, 21 sur 24 pensent utiliser davantage l’IA à l’avenir. Chez les cadres, 7 sur 8 partagent cette opinion, voyant dans ces outils un levier pour améliorer l’organisation et la prise en charge des patients. Cette dynamique reflète une tendance générale observée dans l’ensemble de l’enquête, où 93 % des utilisateurs actuels de l’IA envisagent d’accroître leur usage dans les années à venir, qu’ils soient utilisateurs ou non de l’intelligence artificielle.

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Benjamin Bassereau

Directeur de la rédaction BOM Presse Clichy

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