Depuis janvier 2024, les neuradiologues interventionnels du CHU Grenoble Alpes (38) peuvent déléguer aux manipulateurs la planification et les mesures des trajectoires d’aiguilles dans le cadre de procédures d’algoradiologie interventionnelle pour des patients souffrant de douleurs chroniques. « Ces interventions concernent notamment des douleurs rachidiennes, névralgiques ou d’origine cancéreuse. Les gestes peuvent être réalisés sous guidage scanner. C’est l’outil le plus adapté car il permet de faire des acquisitions volumétriques rapides avec une haute résolution en contraste et une haute résolution spatiale », présente Joris Maujean, manipulateur radio en RI.
Des responsabilités élargies pour les manipulateurs
L’un des aspects majeurs du protocole repose sur l’implication active des manipulateurs dans la planification et les mesures des trajectoires d’aiguilles. Les manips sont autorisés à tracer la trajectoire de l’aiguille en définissant un point d’entrée à la peau et une cible à l’extérieur, selon la prescription médicale et la symptomatologie du patient. « Il y a de nombreuses applications possibles, de nombreuses indications et donc de nombreuses trajectoires possibles. C’est donc un protocole exigeant en termes de connaissances cliniques et anatomiques. Il y a vraiment un bon bloc de connaissances à avoir pour tracer et surtout s’adapter au médecin avec lequel nous travaillons », explique Joris Maujean.
Accueil du patient
Mais leurs missions ne s’arrêtent pas là. Avant l’intervention, ils réalisent ainsi une réévaluation clinique du patient déjà vu par des médecins en consultation. Elle comprend un interrogatoire et parfois une palpation du dos une fois le patient installé pour placer un repère métallique. « Nous vérifions qu’il y a une concordance avec la prescription du médecin, qui date d’il y a quelques mois, et s’il n’y a pas une nouvelle expression de la douleur, avant de réaliser le scanner de repérage », détaille Joris Maujean.
Mesures et archivage dans le PACS
Pendant l’intervention, ils effectuent des mesures concernant l’avancée de l’aiguille par rapport à la lésion cible et aux organes à risque. Ces mesures seront ensuite archivées dans le PACS par le manip lui-même. Dans le cadre de thermoablations, ils réalisent également des mesures de projection des volumes d’ablation, en estimant les volumes de tissu détruit en fonction des paramètres programmés sur la machine d’ablation. « Nous réalisons ces mesures sur les images pour montrer au radiologue l’étendue de la destruction prévue », précise Joris Maujean.
Toute l’équipe bientôt formée
Aujourd’hui réalisé par quatre manipulateurs formés, cette activité, estimée à 1 500 actes, requiert un renforcement des équipes. Le service projette ainsi d’inclure toute son équipe de dix manipulateurs spécialisés. « C’est une activité qui est dense et nous avons besoin d’une équipe homogène », estime Joris Maujean. Selon lui, ce protocole pourrait inspirer un plus grand nombre de centres. Il pourrait également contribuer à une réflexion plus approfondie quant aux évolutions du métier de manip, en mettant en avant une collaboration renforcée avec le radiologue et en favorisant une montée en compétences des manipulateurs « en termes de prise en soin du patient avec une responsabilité sur une réévaluation clinique et aussi sur la connaissance de la machine et des pathologies ».

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