Comment se lancer dans la recherche clinique quand on est MERM ? Si la démarche peut intimider les novices, il existe de nombreux leviers pour accompagner les paramédicaux désireux d’initier un projet. « La démarche de recherche est incontournable dans le contexte d’evidence-based practice pour une amélioration des pratiques, quel que soit le secteur d’exercice du MERM », indiquait Fabien Salesses, ingénieur coordonnateur des activités de recherche en imagerie au CHU de Bordeaux (33), lors des Journées francophones de radiologie (JFR) 2023.
« Mettre en vitrine ses compétences »
Pour les MERM, faire de la recherche, publier et communiquer, est un moyen de valoriser et de faire connaître leur rôle en imagerie médicale : « C’est mettre en vitrine ses compétences propres, souligne Fabien Salesses. C’est un marqueur fort d’une profession car cela permet de produire et de diffuser des données scientifiques solides qui serviront de preuves pour les pratiques futures. »
La naissance d’un projet
Pour tous les professionnels de santé, médicaux ou paramédicaux qui souhaitent se lancer dans la recherche, la genèse d’un projet est identique : « On a une idée de départ, plus ou moins précise, et on doit la rationaliser, l’objectiver, et définir un but prioritaire et des objectifs secondaires. Il faut bien envisager les retombées que l’on attend de ce projet et ce qu’il apportera à la communauté et aux pratiques », explique l’intervenant. Dans un premier temps, il recommande de poser les bases, « de déblayer » son projet, avant de se tourner vers des structures d’appui dont le but est d’accompagner la recherche. Pour ce qui est du financement, Fabien Salesses conseille de s’orienter vers les appels à projets. « C’est non seulement une source de financement, mais aussi un processus de sélection impartial, et les projets sont évalués par des pairs qui sont à même de juger de leur pertinence », rappelle-t-il.
Le templin du PHRIP
Parmi les tremplins à projets pour les manips qui veulent faire de la recherche, l’orateur cite notamment le prix recherche SFR/AFPPE, qui est attribué chaque année depuis 2012. Autre dispositif : le programme hospitalier de recherche infirmière et paramédicale (PHRIP), un appel à projet à l’échelle nationale pour les paramédicaux. « Pour un manip, c’est celui qui a la plus grande envergure », note l’orateur. Depuis son lancement en 2011, 12 PHRIP ont été réalisés par des MERM. Les derniers en date pour 2022 sont l’étude CIMER sur la collaboration entre les manipulateurs et les radiologues pour l’interprétation des scanners protocolaires d’évaluation tumorale, et l’étude SUGAR (SUrface Guided Adaptative Radiotherapy) sur la faisabilité du guidage optique surfacique en remplacement du masque de contention pour la radiothérapie externe des cancers de la tête et du cou.
Les obstacles à franchir
Évidemment, le parcours du manipulateur radio qui souhaite se lancer en recherche n’est pas dénué d’obstacle. Le principal écueil est celui de la barrière de la langue anglaise pour les paramédicaux. « Il ne faut pas être frileux et se lancer, conseille Fabien Salesses. On peut se faire aider par un traducteur ou un médecin. On ne s’improvise pas traducteur d’article, donc il faut se faire accompagner. Cela se prévoit dans le financement de projet. » L’autre difficulté est d’acquérir de nouvelles connaissances : « Il faut se familiariser avec les principaux schémas de recherche clinique et les aspects éthiques et réglementaires, avec les protocoles de recherche et avec les principaux acteurs impliqués dans un projet de recherche », poursuit-il. Enfin, le dernier obstacle est l’implémentation des résultats de recherche : « Il faut prendre conscience qu’il faudra diffuser les résultats et les implémenter dans les pratiques. C’est un vrai enjeu actuellement car on a du mal à le faire. Le cadre de santé et les référents peuvent être des leviers. »
Formation et accompagnement
Pour Fabien Salesses, les deux engagements indispensables pour les manips qui veulent se lancer de la recherche sont de se former et de se faire accompagner. « Pour la formation à la recherche, il y a le DU MERC, le DU recherche en soin, et les formations internes sur la lecture et l’écriture d’articles scientifiques, liste-t-il. On peut aussi se former par la recherche en en faisant soi-même, en construisant et en réalisant son propre projet, indique-t-il. Pour l’accompagnement, il y a des ressources locales, des ARC, des médecins, des cadres. On n’est jamais seul en recherche. » Selon Fabien Salesses, les manips ont tout à gagner et à apporter au monde de la recherche : « C’est une évolution indispensable pour le métier de MERM et pour la recherche en imagerie. »
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