Quelles solutions contre la pénurie de manipulateurs ? Dans une enquête menée de juillet à mi-septembre 2024, le Conseil national professionnel des manipulateurs d’électroradiologie médicale (CNPMEM) a demandé leur avis à 1 816 d’entre eux. Les résultats, dévoilés aux Journées francophones de radiologie 2024, sont parus le 20 novembre sur le site du CNP.
76 % concernés par la pénurie
Le sondage donne une idée de l’ampleur de la crise démographique : 76 % des répondants se déclarent « directement concernés par le manque de MEM dans leur service ». Ce taux atteint 79 % dans le secteur public et le secteur privé à but non lucratif, contre 71 % dans le secteur privé à but lucratif. Ce déficit de personnel se traduit par un changement des amplitudes horaires pour 21 % des répondants concernés, par la fermeture de machines pour 20 % d’entre eux et par un accroissement du nombre d’arrêts maladie pour 19 % d’entre eux. En revanche, seuls deux participants évoquent le surmenage comme conséquence du manque de moyens humains.
Attendre les prochaines promotions
Pour résoudre cette pénurie, 67 % des répondants pensent qu’il est préférable d’attendre les prochaines sorties des centres de formation, dont les effectifs ont augmenté de façon significative depuis 2022, plutôt que de faire évoluer les aspects réglementaires « touchant à la manipulation des agents physiques ». Outre cette hausse des capacités de formation, les répondants plébiscitent la revalorisation salariale, l’amélioration des conditions de travail, la diversification des carrières et la valorisation du métier comme leviers d’actions.
Attachés à la polyvalence
Ce sondage témoigne également de l’attachement des manipulateurs radio à la polyvalence de leur métier : 95 % pensent qu’il faut la conserver. En outre, 91 % se disent opposés à l’idée de permettre à d’autres professionnels de réaliser des radiographies standards. Ils sont également 69 % à rejeter l’idée de permettre à ces professionnels, qui pourraient être des aide manips, de travailler sous leur responsabilité.
Le recours à des manips d’autres pays fait débat
Une piste parfois évoquée contre la pénurie est de faire venir davantage de manipulateurs de l’étranger. L’opinion vis-à-vis de cette piste est contrastée. 51 % du panel se déclare favorable à la perspective de faciliter la venue de manipulateurs européens, mais la tendance varie selon l’âge et la spécialité : les moins de 40 ans et ceux qui exercent en médecine nucléaire et en radiothérapie sont pour, tandis que les plus de 40 ans et ceux qui exercent en imagerie sont contre. En revanche, aucune spécialité ni aucune tranche d’âge ne souhaite faciliter la venue de manipulateurs extra-européens. L’idée rencontre 52 % d’opinions défavorables dans l’ensemble des répondants. De même, 54 % d’entre eux ne sont pas favorables à la perspective d’autoriser des collègues à diplôme non français à un exercice partiel, par exemple à ne pratiquer que l’imagerie médiale si leur formation ne comprend pas la médecine nucléaire ou la radiothérapie.
79 % « pas intéressés » par la télémanipulation
Enfin, la télémanipulation ne convainc pas les participants, qui sont 62 % à la juger « non satisfaisante » en tant que solution aux problèmes d’effectifs. Ils sont encore plus nombreux – 79 % – à se dire « pas intéressés » à l’idée de la pratiquer. « Ces résultats soulignent la nécessité d’actions concrètes pour améliorer l’attractivité du métier de MEM, tout en valorisant leur rôle essentiel dans le système de santé », commente le CNPMEM.
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