SafetiRM

« Les risques de l’IRM sont encore trop méconnus »

Julien Boinet, manipulateur radio au sein du groupe Normedis Radiologie à Bayeux (14) et référent sécurité en IRM, a annoncé en mai 2023 la mise en place d'un registre de déclaration anonyme des événements indésirables en IRM, avec l'ambition de voir se créer un diplôme de personne compétente en électromagnétoprotection et de sensibiliser les MERM et autres personnels des centres d'imagerie à la sécurité et à la gestion des risques autour des champs électromagnétiques en IRM.

Le 06/10/23 à 7:00, mise à jour le 11/09/24 à 15:16 Lecture 3 min.
Julien Boinet, manipulateur radio au Centre Normedis Radiologie à Bayeux (14) et référent sécurité en IRM a annoncé en mai 2023 la mise en place de la plateforme SafetiRM avec l'ambition de former et sensibiliser les manipulateurs et autres membres du personnel des centres de radiologie à la sécurité et la gestion des risques autour des champs électromagnétiques en IRM.

« Je me suis aperçu qu’en France on n’avait pas de sites de référencement d’accidents ou d'événements indésirables en IRM. » D. R.

Docteur Imago/ Quel est l’objectif de SafetiRM ?

Julien Boinet / J’ai fondé la SafetiRM en 2022. Il s’agissait au départ de répondre à un besoin de formation sur la sécurité et la gestion des risques autour des champs électromagnétiques en IRM du personnel, que ce soit des manipulateurs, majoritairement présents dans la salle d’examen, mais aussi de toutes les personnes qui gravitent autour de cet environnement, comme les agents d’entretien ou encore les secrétaires. Puis, au détour de ces formations auprès de sites et des centres utilisateurs, je me suis aperçu qu’en France on n’avait pas de sites de référencement d’accidents ou d’événements indésirables en IRM. J’ai donc créé une plateforme afin que chaque centre impacté puisse les déclarer, qu’ils soient ainsi recensés et qu’on puisse faire comme dans d’autres pays, des statistiques annuelles d’accidents. L’objectif est de prendre conscience que des risques existent et qu’il est nécessaire de mettre en place un diplôme reconnu de personnes compétentes en électromagnétoprotection pour que nous ayons, en tant que référents ou conseillers en prévention des risques, la même crédibilité que peuvent avoir les personnes compétentes en radioprotection auprès de nos centres et des instances.

D. I. / Comment déclarer un incident en IRM auprès de la plateforme ?

J. B. / J’ai édité un QR code qu’il suffit d’afficher à proximité de la porte ou à chaque console IRM, de façon que lorsqu’un incident ou accident survient, on ait juste à scanner le QR code avec son smartphone. Je reçois ensuite une notification comme quoi un accident a été déclaré. La plateforme est complètement anonyme pour qu’il n’y ait aucune mention du centre déclarant. Depuis l’annonce de la mise en place de cette plateforme, en mai 2023, une quinzaine d’événements survenus en France y ont été signalés.

D. I. / Quels sont les dangers liés au champs électromagnétiques ?

J. B. / Il y a plusieurs risques pour le patient, le manipulateur, le praticien, le technicien, ou n’importe quel professionnel qui serait présent dans la salle. D’abord, l’aimant lui-même présente un risque. Le risque d’attraction de l’aimant est décuplé au vu de la puissance et de l’intensité de la machine. Il peut y avoir un effet missile, des dysfonctionnements de dispositif médical implanté, puis les gradients peuvent entrainer des stimulations nerveuses périphériques, l’injection de gadolinium aux patients peut provoquer des allergies, et enfin le risque le plus traduit est l’échauffement dû à l’exposition aux ondes de radiofréquence qui peut entrainer des brûlures.

D. I. / Les risques sont-ils suffisamment connus des personnels soignants concernés ?

J. B. / Malheureusement bien qu’il y ait eu de nombreuses communications sur les risques liés à la radioprotection, les risques électromagnétiques restent quant à eux trop méconnues que ce soient des manips ou de n’importe quel membre du personnel. Il y a évidemment des recommandations qui stipulent que les manips ne doivent pas rester en salle pendant l’imagerie, réaliser les injections depuis le pupitre pour ne pas être exposé ne serait-ce qu’au champ statique au quotidien, se déplacer lentement en salle mais aussi réaliser le nettoyage du tunnel sans y positionner sa tête ou son corps par exemple. Il est primordial de bien connaître la machine, son aimant, ses antennes et sa valeur de gradient spatial. Savoir à quel endroit le gradient est le plus intense au niveau de la machine pour ne pas s’y exposer ainsi que son patient s’il est porteur d’un dispositif médical.

D. I. / Comment se déroule la formation ?

J. B. / Je me rends dans des centres utilisateurs sur une journée et je forme le personnel sur la prévention et les sources de risque. Ensuite nous essayons de voir comment améliorer les moyens de prévention, puis nous étudions des cas concrets et des retours d’expérience d’événements indésirables qui se sont déroulés au sein des différents centres afin de prendre connaissance des bonnes pratiques à adopter. Il ne faut pas mettre sous le tapis un accident survenu dans un centre mais plutôt le remonter afin de savoir ce qu’il s’est passé et comment corriger les pratiques pour que cela ne se produise plus. Il faudrait essayer d’homogénéiser les pratiques dans les différents centres, car notre travail est de réaliser des examens mais avant tout de faire en sorte que le patient n’encoure aucun risque.

Auteurs

Solenn Duplessy

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Discussion

2 commentaires

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  1. Avatar photo
    Dominique SevinBonjour, Serait il possible d avoir un lien vers votre plateforme?
    Il y a 1 an
    1 réponse
    1. Jérome HoffBonjour. Voilà le lien vers la plateforme de déclaration : https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLSf_IbgM4YAY45x4RaUuo7Z7sc-4o4EdLnWP_pBD6upHQHtkVw/viewform?pli=1
      Il y a 1 an

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