Le dépistage organisé du cancer du sien peut sauver des vies, mais les doses reçues par les participantes tout au long de leur vie pourraient aussi provoquer des cancers. Une étude présentée dans la revue Radiography [1] a produit une estimation de ce « risque effectif » pour 48 pays.
Des mesures sur 16 appareils de 4 marques
L’équipe dirigée par Raed M. Ali, chercheur en physique médicale à l’université de Koufa (Irak) et à l’université de Salford (Royaume-Uni), a commencé par mesurer les doses délivrées lors d’un examen de dépistage de mammographie quatre vues classique réalisé sur seize appareils de modèles différents. Pour ce faire, ils ont utilisé un fantôme de dosimétrie ATOM équipé de dosimètres à thermoluminescence et des fantômes de sein sur-mesure. Les machines étaient installées dans huit hôpitaux du Royaume-Uni. Raed M. Ali et ses confrères ont aussi mesuré la dose reçue par plusieurs organes. « Nous n’avons pas pris en compte les éventuelles variations des facteurs d’exposition entre les pays », précisent-ils. En combinant les résultats de leurs mesures avec les pratiques de dépistage – tranche d’âge et fréquence des examens – ils ont calculé la dose cumulée au long de la vie et donc les risques de développer un cancer radio-induit dans chaque pays étudié.
Des variations importantes entre les pays
La lecture des résultats montre des variations, qui dépendent en grande partie de l’âge du premier dépistage. Ainsi, à Malte, où le risque estimé est le plus faible, le programme de dépistage prévoit une mammographie tous les trois ans entre 50 et 60 ans, ce qui équivaut à 4 dépistages. Aux États-Unis, à l’inverse, où le risque estimé est le plus élevé, les recommandations varient entre les différentes sociétés savantes. Le Collège américain de radiologie (ACR) recommande une mammographie annuelle entre 40 et 75 ans, soit 36 dépistages. Le nombre monte jusqu’à 51 dépistages pour les femmes à haut risque (tous les ans entre 25 et 75 ans), selon les recommandations du Réseau national de lutte contre le cancer (National Cancer Comprehensive Network). En France, le programme de dépistage prévoit une mammographie tous les deux ans entre 50 et 74 ans, soit 13 dépistages.
Des organes plus ou moins touchés
Concernant les organes autres que le sein examiné qui pourraient être touchés par les rayonnements lors des mammographies, les auteurs notent que l’œsophage, le cœur, le foie et l’estomac reçoivent une dose de moins de 1 μGy, tandis que le sein controlatéral reçoit une dose de 28 μGy lors d’un examen.
Une prédiction des cas de cancers radio-induits
D’après les données obtenues, le programme de dépistage en Corée produirait le plus de cancers radio-induits, soit 504,6 « en raison du risque effectif total élevé qui est de 193,86 cas pour 1 million de participantes, avec IC 95 % [179,67, 208,04], ainsi que du nombre élevé de participantes (2,6 millions) ». En France, le nombre prédit de cas de cancers radio-induits s’élèverait à 173,6. Pour établir ce résultat, les auteurs se sont basés sur le nombre de participantes au programme de dépistage en France en 2010, soit 2 343 980 femmes.
Un paramètre à prendre en compte
Au vu de ces résultats, les auteurs suggèrent que le risque effectif devrait être considéré comme un paramètre supplémentaire pour l’évaluation de la performance des programmes de mammographie de dépistage, « en particulier pour les programmes qui recommandent une mammographie de dépistage précoce et plus fréquente », concluent-ils.
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