Pouvez-vous nous expliquer le contexte de la naissance de ce projet ?
Béatrice Oger / Dans un nombre croissant de régions en France, l’accès aux soins de radiologie devient difficile. Des solutions voient ainsi le jour pour répondre aux besoins en imagerie des populations les plus sensibles, comme les personnes à mobilité réduite, les malades chroniques ou les personnes âgées. La région du Nouvion-en-Thiérache (02) n’échappe pas à cette situation : on observe une réelle inégalité d’accès aux soins pour ses habitants.
De plus, voyant les derniers services de radiologie fermer les uns après les autres, les acteurs de la radiologie de la Thiérache ont décidé d’agir.
C’est ainsi que le CH du Nouvion a sollicité auprès de l’agence régionale de santé des Hauts-De-France le financement d’un système de radiologie mobile.
Ce nouveau dispositif, le FDR XAir de Fujifilm, a pour principal objectif d’améliorer l’accès aux soins et de faciliter la réalisation d’examens radiologiques pour des patients éprouvant des difficultés à se rendre sur un plateau technique à l’hôpital ou dans un cabinet privé en ville.
Fujifilm
Comment fonctionne-t-il ?
B. O. / Le déploiement de cet appareil mobile de radiologie s’est inscrit dans le cadre du projet « Hi-No-Ve », mené par les établissements publics de santé d’Hirson, du Nouvion-en-Thiérache et de Vervins. Celui-ci permet notamment de coordonner les établissements entre eux et de proposer à la population du bassin une offre de santé de proximité avec les professionnels du territoire.
Avec ce dispositif mobile, transportable dans une valise, une nouvelle équipe mobile d’imagerie en Thiérache (EMIT), dirigée par des radiologues et des manipulateurs d’électroradiologie médicale (MERM) du CH d’Hirson a adopté une nouvelle façon de travailler.
Ainsi, depuis le mois de juin 2023, l’EMIT utilise le FDR XAir à l’hôpital du Nouvion, qui ne disposait plus de service de radiologie, et l’emmène également à l’extérieur de l’hôpital pour aller à la rencontre des patients dans les EHPAD de la région, permettant de limiter les déplacements de leurs résidents.
Cet appareil mobile permet de réaliser des radiographies des membres inférieurs et supérieurs, des poumons et du bassin avec un résultat haute définition, comparable aux examens réalisés avec un appareil classique.
Ce projet fait considérer la radiologie de terrain autrement dans les déserts médicaux : il crée des liens qui n’existaient que très peu entre les MERM et les patients qui, de surcroît, y trouvent un réel confort, notamment ceux atteints de troubles cognitifs et qu’il est souvent compliqué de déplacer pour réaliser un examen.
Y a-t-il des conditions d’accès et d’utilisation de cette mobilité ?
B. O. / Bien que la radiologie mobile corresponde à une nécessité importante, selon les termes choisis par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), une attention particulière doit être portée à la déclaration de la mise en service de cette modalité et à la protection de ses utilisateurs.
Pour l’EMIT, malgré la mobilité de ce système, les exigences réglementaires comme en matière de radioprotection ne sont pas mises de côté. La modalité a été déclarée par un radiologue responsable de la source de rayons X et les MERM utilisant cette modalité sont protégés par des tabliers plombés.
En s’appuyant sur ces premiers retours d’expérience et puisqu’elle est abordable financièrement, simple à mettre en place, synonyme de confort pour les patients, reproductible à souhait, nous ne doutons pas que le déploiement de tels services sera réalisé par des acteurs de la radiologie d’autres régions en France.
